Après des mois rythmés par une cadence effrénée, les députés québécois ont quitté les bancs de l’Assemblée nationale et pris la direction de leurs circonscriptions respectives, où ils passeront la majeure partie de la saison estivale. Comment s’est conclue cette session parlementaire? Qui a en a profité pour se démarquer?
Dépôt du très attendu projet de loi sur l’énergie
Après des mois de spéculation et plusieurs reports, le ministre Pierre Fitzgibbon a profité des derniers jours de la session parlementaire pour déposer son très attendu projet de loi sur l’énergie. Mix énergétique, planification de la demande, rôles et responsabilités de la Régie de l’Énergie, sobriété énergétique : il n’y a pas à dire, la pièce législative ratisse très large, dans l’objectif, affiché, de répondre aux besoins énergétiques futurs et de réussir la décarbonation de l’économie québécoise. Pour ne rien manquer de ce projet de loi qui risque de faire parler tout l’été et l’automne, nous vous invitons à lire notre compte-rendu complet!
GAP : l’impasse persiste entre le ministre Dubé et les médecins
Le 31 mai dernier, une entente permettant aux médecins de toucher une prime pour la prise en charge de patients via le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) a officiellement pris fin. De fait, le nombre de plages horaires offertes au GAP par les médecins pour la prise en charge de patients à partir du mois de juin a chuté drastiquement. Cela n’a pas manqué de provoquer la colère du ministre Christian Dubé, qui a accusé les médecins de manœuvres syndicales au détriment de la population. Le ton a depuis baissé et les négociations se poursuivent, mais celles-ci demeurent, à ce jour, dans l’impasse.
Un projet de loi pour améliorer l’accès à la première ligne en Santé
Dans l’ombre de son collègue Pierre Fitzgibbon, la Présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, a déposé un projet de loi visant à améliorer l’accès à la première ligne dans le réseau public de la santé, notamment par l’actualisation du Code des professions, qui régit les Ordres professionnels, et par l’élargissement des pouvoirs octroyés à certains professionnels, dont les pharmaciens. En vertu du projet de loi déposé, certains professionnels de la santé, dont les infirmières, pourront également poser des diagnostics en matière de santé mentale. Décidément, le gouvernement parie gros sur la santé. Reste à voir si ce parie s’avérera payant.
Chefferie libérale : les prétendants sortent du bois
Alors que le début de la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), prévu le 15 janvier prochain, se rapproche, les noms de plusieurs prétendants commencent à circuler de plus en plus sérieusement chez les libéraux. Le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, le PDG du Conseil du Patronat du Québec, Karl Blackburn, le PDG de la Fédération des Chambres du Commerce du Québec, Charles Milliard, et le député Frédéric Beauchemin feraient partie des candidats susceptibles de se lancer dans la course. L’ancien maire de Montréal, Denis Coderre, devrait lui officiellement entrer dans la course le 21 juin prochain. De quoi réjouir plusieurs libéraux, qui souhaitent éviter un nouveau couronnement.
Remaniement évité... pour l’instant
Plusieurs ministres pousseront probablement un gros soupir de soulagement au moment de quitter l’Assemblée nationale : bien que la politique soit imprévisible par nature, il apparaît de plus en plus certain que le scénario d’un vaste remaniement ministériel cet été ne se concrétisera pas, contrairement à ce qui était attendu. Dans les officines, on craint qu’un tel exercice provoque des démissions parmi la députation, et entraîne par conséquent des élections partielles, que la CAQ aurait de bonne chance de perdre, au vu des sondages actuels. Certains parlent désormais d’un remaniement à l’automne. Une éventualité qui serait surprenante, compte tenu qu’elle laisserait peu ou pas de temps aux nouveaux ministres pour se familiariser avec leurs nouvelles fonctions avant la reprise des travaux parlementaires, mais pas impossible. À suivre!
Bilan de la session parlementaire – Notre analyse
Après une fin d’année 2023 calamiteuse, marquée par de nombreuses controverses, des négociations difficiles avec les employés de l’État, et une chute brutale dans les intentions de vote, la CAQ souhaitait profiter de la présente session parlementaire pour enfin sortir d’une longue zone de turbulences. La mission s’annonçait difficile, notamment en raison d’une opposition gonflée à bloc et aussi, de l’état précaire des finances publiques, qui a forcé le ministre des Finances, Éric Girard, à déposer un budget misant sur une rigueur budgétaire qui contraste de manière importante avec la générosité observée au cours des dernières années.
Les rumeurs persistantes de remaniement à l’été aidant probablement, les caquistes ont fait preuve d’une grande discipline et, règle générale, ont été en mesure d’éviter soigneusement les faux pas et les déclarations controversées. Étonnamment, c’est le ministre de la Santé Christian Dubé, pourtant une valeur sûre dans l’équipe gouvernementale, qui a été mis le plus à l’épreuve au cours de la dernière session. Les ruptures de service sur la Côte-Nord, en raison de la fin du recours aux agences privées en santé, et la chute brutale des rendez-vous pris via le Guichet d’accès à la première ligne en raison de l’échéance d’une entente importante avec les médecins l’auront mis, plus que jamais, sur la défensive.
Malgré tout, au cours des derniers mois, l’équipe de François Legault a été en mesure de reprendre l’initiative, en mettant en évidence les progrès dans la mise en place de l’agence Santé Québec, au cœur du Plan caquiste en Santé, et en déposant une multitude de projets de loi. Réforme du droit parental, renforcement des protections des locataires, amélioration de l’accès à la première ligne en santé, demande énergétique, mise en place d’une agence pour la gestion des projets d’infrastructures routières, réforme de la loi sur les mines : il n’y a pas à dire, les ministres caquistes ont été particulièrement actifs, et de fait, la CAQ est passée de la défensive à l’offensive.
À court terme, donc, on peut dire que c’est mission réussie pour François Legault. La situation est stabilisée, la chute dans les sondages freinée, et des bases solides ont été posées pour la deuxième moitié de son mandat. La session estivale favorisant généralement le parti au pouvoir, la CAQ peut également s’attendre à avoir regagné quelques points dans les sondages lors de la rentrée politique de l’automne. Le parti de François Legault fera alors face à son plus important défi: revenir dans les bonnes grâces de la population, et effectuer une remontée conséquente dans les intentions de vote. Est-ce que cette remontée passera par un remaniement automnal? Chose certaine, si les caquistes disposent encore de beaucoup de temps avant le prochain scrutin, ceux-ci n’ont quasiment plus droit à l’erreur.
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