Le 6 décembre dernier, les lumières de l’Assemblée nationale se sont officiellement éteintes, et les députés ont repris la route en direction de leur circonscription, en vue d’un congé des Fêtes bien mérité. Quels événements auront rythmé l’actualité de ces dernières semaines cruciales? Que retiendra-t-on de cette session marquant la mi-mandat du gouvernement Legault? La réponse à ces questions dans votre toute dernière édition de Québec Now!
La CAQ toujours distancée dans les sondages
Le tout dernier sondage juste avant la fin de la session parlementaire n’aidera pas les caquistes à partir pour le congé des Fêtes le cœur léger. On y apprend que la CAQ ne recueille que 24% des intentions de vote, loin derrière le PQ qui caracole en tête, à 31%. Avec de tels résultats, les troupes de François Legault ne perdraient pas seulement le pouvoir : elles seraient reléguées à la deuxième opposition. N’en demeure pas moins que ces chiffres représentent une très, très légère embellie par rapport au coup de sonde précédent. Celle-ci se poursuivra-t-elle en 2025?
Interdire les prières dans les lieux publics ?
En toute fin de session parlementaire, et alors que l’actualité fait de plus en plus état de digressions à la laïcité dans les institutions publiques, et notamment dans les établissements scolaires, des ténors du gouvernement Legault ont réitéré leur volonté de renforcer la Loi sur la laïcité de l’État. Le Premier ministre, François Legault, est allé encore plus loin, disant être prêt à utiliser la clause dérogatoire pour interdire les prières en public, et ainsi « lancer un message aux islamistes ». Orientation réelle en vue de 2025, ou ballon d’essai politique?
Le député Bouazzi condamné par l’Assemblée nationale
Lors d’un événement public, le député Haroun Bouazzi, affilié à Québec Solidaire, a accusé l’Assemblée nationale du Québec et ses membres de racisme au quotidien, des propos qui ont suscité un tollé dans l’espace public, et même au sein de son parti. Après avoir doublé la mise en accusant notamment les ministres Dubé et Carmant, le député s’est finalement excusé, sous la pression de son parti. Fait rarissime, l’Assemblée nationale a voté en faveur d’une motion de blâme envers le député. Celui-ci est absent de l’Assemblée nationale depuis.
Report de l’élargissement de la consigne et déclenchement d’une enquête
C’est une nouvelle que plusieurs anticipaient : pour éviter une catastrophe annoncée, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a officiellement annoncé le report d’une portion significative de l’élargissement de la consigne au Québec. Ainsi, seuls les contenants en plastique qui ne sont pas déjà consignés le seront à partir de mars 2025. Les autres contenants, dont les bouteilles de verre et les contenants multicouches, devront eux attendre à 2027. Le ministre, visiblement insatisfait, a également annoncé le déclenchement d’une enquête administrative visant l’organisme de gestion désigné, contrôlé par des producteurs réticents à la consigne.
Santé Québec officiellement en vigueur
Pièce-maîtresse de la réforme en santé du gouvernement caquiste, l’agence Santé Québec, qui a pour mission d’assurer la gestion opérationnelle du réseau de la Santé, est officiellement entrée en fonction au 1er décembre. Une entrée en scène sans artifice pour le nouvel employeur unique du réseau public de la Santé, qui se fait dans un contexte tendu : en plus de devoir retrancher plus d’un milliard de dollars en dépenses, l’agence doit également composer avec un climat tendu, en raison des négociations entre le gouvernement et les deux principaux syndicats de médecins, négociations desquelles Santé Québec se retrouve étrangement exclue, par ailleurs. Est-ce que la nouvelle agence dirigée par Geneviève Biron saura redresser le réseau public de la santé? À suivre!
Prochaines élections : le ministre Dubé ne sera pas sur les rangs
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a profité de son passage sur le plateau de télévision d’une populaire émission d’affaires publiques pour confirmer ce qui circulait depuis un temps déjà dans les corridors de l’Assemblée nationale : il ne compte pas se représenter en vue de la prochaine élection, qui devrait avoir lieu en 2026. Le ministre Dubé compte d’ici la fin de son mandat se concentrer aux négociations avec les deux syndicats de médecins.
Réforme énergétique : l’adoption devra attendre à 2025
En cette fin de session, le gouvernement aura mis les bouchées doubles pour compléter le processus d’adoption de plusieurs projets de loi. C’est le cas, notamment, pour celui améliorant la qualité dans la construction, la réforme de l’aide sociale, sur les nouveaux pouvoirs en immigration, sur l’agence Mobilité Infra Québec, et sur les pratiques abusives en matière de prix et de crédit. Quant à la réforme énergétique, qui devait être le fer de lance de l’action gouvernementale, la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, a prétexté l’imposition possible de tarifs par le président élu des États-Unis, Donald Trump, pour retarder l’étude détaillée du projet de loi et repousser le tout à 2025.
Une remontée qui se fait attendre
Après des mois de sondages décevants, la CAQ espérait un retour en force après l’été. Mais la rentrée parlementaire a rapidement brouillé les cartes, notamment avec le départ fracassant de Pierre Fitzgibbon, superministre de l’Économie et de l’Énergie. Ce départ a freiné l’ambitieuse réforme énergétique du gouvernement, censée être la pièce maîtresse de son action. S'y sont ajoutées la démission d’un député de l’aile droite du parti et celle d’un vice-président de l’Assemblée nationale, épinglé par le commissaire à l’éthique.
Les retards s'accumulent : la création d’une agence pour les infrastructures de transport a exigé plus de 80 heures de débats parlementaires, la réforme de la consigne a été repoussée de deux ans, et le plan sur la discipline scolaire reste invisible. Même le lancement de l’agence Santé Québec, prévu le 1er décembre, passe presque inaperçu. Les déclarations nationalistes sur l’immigration et la laïcité, jadis populaires, peinent désormais à convaincre.
Par ailleurs, les difficultés de Northvolt, acteur clé de la filière batterie soutenue par la CAQ, jettent une ombre sur l’un de ses projets phares. Avec des intentions de vote stagnantes entre 20 et 25 %, la remontée espérée paraît deplus en plus compliquée. Le Québec s’engage dans une période de rigueur budgétaire, marquée par des choix difficiles, une situation inédite pour un gouvernement qui avait hérité de surplus financiers.
François Legault et son équipe disposent encore de 18 mois pour redresser la barre. Un geste fort en début d’année, comme un remaniement ministériel, pourrait donner un élan, mais sans garantie de succès.