Le complexe hydroélectrique de Churchill Falls, situé au Labrador, a été au cœur d’un conflit de plusieurs décennies entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. Un accord signé en 1969 accordait à Hydro-Québec 85 % de l’électricité produite à Churchill Falls à un tarif exceptionnellement bas de 0,2 cent/kWh. Avec le temps, cet accord a créé une disparité financière marquante, le Québec ayant encaissé 28 milliards de dollars contre seulement 2 milliards pour Terre-Neuve. Après des années de négociations infructueuses, le premier ministre François Legault a ouvert la voie à un nouvel accord, visant à apaiser les tensions et à assurer une paix énergétique.
L’urgence du changement
Le Québec fait face à un déficit énergétique imminent alors que la demande augmente en raison de la croissance industrielle et des efforts de décarbonisation. Historiquement, le Québec a pu compter sur une électricité abondante et abordable pour soutenir son développement économique. Cependant, le contexte actuel rend l’inaction trop coûteuse. Le nouvel accord vise à relever ces défis tout en positionnant le Québec comme un leader de l’énergie verte.
Le nouvel accord : principaux points
Le Québec et Terre-Neuve ont conclu un accord non contraignant qui prévoit une collaboration future sur des projets énergétiques, notamment :
Revalorisation des tarifs : À partir de 2025, Hydro-Québec paiera 1 cent/kWh, un tarif qui augmentera progressivement jusqu’à 7 cents/kWh en 2041, pour une moyenne de 4 cents/kWh sur la durée de l’accord.
Nouvelle capacité : Les améliorations incluent une augmentation de 550 MW à Churchill Falls d’ici 2038, une nouvelle centrale de 1 100 MW d’ici 2035, et le projet de Gull Island de 2 250 MW prévu pour 2034.
Partage des coûts : Hydro-Québec assumera 90 % des coûts des projets et achètera 90 % de l’électricité, tandis que Terre-Neuve conservera une participation de 60 % dans Gull Island.
Opportunités et défis
Bien que l’accord offre des avantages significatifs, il ne couvre que 20 % des besoins énergétiques prévus du Québec d’ici 2035. De plus, la dépendance à des sources énergétiques externes introduit des risques pour la stabilité de l’approvisionnement. Sur le plan financier, l’accord entraîne des coûts plus élevés pour Hydro-Québec, ce qui devrait se traduire par des hausses tarifaires annuelles de 3 % pour les résidentiels et de 4 à 5 % pour les entreprises au cours des dix prochaines années.
Une voie à suivre
Cet accord représente un progrès, équilibrant les besoins des deux provinces. Le Québec s’assure une source d’énergie abordable pour soutenir ses objectifs de décarbonisation, tandis que Terre-Neuve obtient des investissements dans ses infrastructures et des revenus à long terme. Cependant, ce n’est qu’une étape. Le Québec doit continuer à explorer de nouveaux projets et partenariats énergétiques pour répondre pleinement à ses besoins croissants et assurer un avenir énergétique durable.