Le 21 novembre prochain, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, dévoilera sa mise à jour économique annuelle, un exercice périlleux devenu rituel au fil des ans. Cette mise à jour, plus qu’une simple formalité, revêt cette année une importance particulière alors que le Québec doit composer avec un déficit record de 11 milliards de dollars, annoncé en mars, ainsi qu’avec une conjoncture économique marquée par une incertitude croissante. Les pressions sur les finances publiques sont exacerbées par les nombreuses initiatives gouvernementales, et la Coalition Avenir Québec (CAQ), au pouvoir, se doit de redresser la situation afin de préserver son image de parti « pro-économie », une marque de confiance qu’elle a bâtie depuis son accession au pouvoir en 2018.
La tâche s'annonce difficile pour Éric Girard et son équipe. D'un côté, le gouvernement doit démontrer son engagement à maintenir l’équilibre budgétaire. De l'autre, il doit répondre aux attentes d’une population inquiète face aux restrictions anticipées. Afin de limiter les dépenses, le gouvernement a récemment annoncé un gel des embauches dans la fonction publique, une mesure temporaire, mais lourde de conséquences. Ce gel des effectifs, combiné à la demande adressée aux établissements de santé et à d'autres départements de respecter strictement leurs budgets d'ici la fin de l’année fiscale, soit le 31 mars 2025, pourrait forcer le gouvernement à faire des choix politiques et budgétaires délicats. Ces décisions risquent de compromettre l’exécution de plusieurs projets d’envergure qui figuraient dans le programme d'action ambitieux de la CAQ. Pour leur part, les syndicats du secteur public avertissent que les services publics en pâtiront, tandis que les économies escomptées seront effacées par la sous-traitance du secteur privé.
En parallèle, l’administration Legault se trouve également dans une position où l’amélioration de son image est cruciale. La situation actuelle des finances publiques exige non seulement des décisions pragmatiques, mais également une communication habile pour rassurer tant la population que les investisseurs sur la solidité économique de la province.
À cette complexité s’ajoute un autre défi : le gouvernement fédéral, confronté lui aussi à des contraintes budgétaires, envisage des mesures d’austérité qui pourraient affecter les programmes de transferts aux provinces. Or, le Québec dépend de ces transferts pour équilibrer son budget, ce qui rend la situation d’autant plus délicate. Si ces aides venaient à être réduites, cela pourrait compromettre davantage les efforts provinciaux pour stabiliser les finances publiques.
Dans ce contexte, la mise à jour prochaine sera un moment décisif pour le Québec, qui devra présenter un plan budgétaire à la fois crédible et rigoureux, capable de redresser la situation financière du Québec sans compromettre les services publics essentiels. Pour la CAQ, il en va de son identité même : incarner le parti de l’économie et de la gestion rigoureuse des finances publiques.
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