La semaine dernière, Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, a déposé un important projet de loi de réforme du secteur énergétique du Québec. Ce projet de loi tant attendu vient modifier les droits et obligations du monopole de production et de distribution d’électricité, ajuster les mécanismes de régulation des marchés énergétiques et proposer un processus menant à une nouvelle politique énergétique.
Ce coup de barre arrive au moment où le gouvernement du Québec reconnaît enfin que la province est en situation de manque d’énergie et que la situation devrait empirer au cours des prochaines années. Ceci a un impact sur les coûts d’électricité qui sont en forte croissance et sur le développement économique. Le Québec doit malheureusement dire non à de nombreux projets en raison du manque d’énergie.
Le ministre propose de la nouvelle production, que ce soit avec des barrages ou de l’énergie éolienne. Il propose aussi de continuer pousser l’efficacité énergétique, solution qui jusqu’à présent n’a donné aucun des effets escomptés.
Bien que le projet de loi ait des aspects positifs, comme la volonté de produire plus d’énergie et d’ajouter de la transparence dans les mécanismes d’Hydro-Québec, il passe à côté de la véritable question. Comment faire pour que le Québec n’ait plus à dire non à des dizaines de projets industriels et commerciaux parce qu’il manque d’énergie sans augmenter le coût de l’électricité de manière faramineuse?
Les solutions sont complexes, mais elles passent essentiellement par l’inclusion de l’ensemble des filières énergétiques et leur production. L’hydroélectricité, l’éolien et le solaire, oui, mais le Québec ne pourra faire l’économie de ne pas considérer développer ses abondantes réserves de gaz naturel ni son potentiel en matière d’énergie nucléaire.
L’alternative est un simple maintien de l’économie actuelle, voire une déprimante décroissance. Et ce, tandis que les grandes nations du monde que sont les États-Unis, l’Inde, la Chine et la Grande-Bretagne font des pieds et des mains pour maximiser leur sécurité énergétique en diversifiant leur production. Plusieurs autres améliorent le niveau de vie de leurs citoyens en produisant davantage leurs ressources pétrolières, gazières ou nucléaires que ce soit le Brésil, la Turquie, la Pologne ou la Guyane.
Les autres nations du monde évoluent et la compétition est de plus en plus féroce. On note la faible croissance en Europe qui a ses racines dans de mauvais choix de rationalisations énergétiques depuis des décennies. La fin du nucléaire en Allemagne est une catastrophe et la dépendance au gaz russe affaiblit tout le continent. La grande majorité des pays sur terre révéraient des possibilités qu’à le Québec de diversifier ses sources de production énergétiques.
La réalité énergétique rattrape un Québec qui se croyait à l’abri derrière son géant de l’hydroélectricité. Les choix des prochaines années seront déterminants.
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